Décès de Françoise Beau — Message d’Antoine Ouellette

Mes condoléances

C’est avec stupeur que j’ai appris le décès de Françoise, la présidente de notre association. J’ai été plusieurs jours à me dire : «Françoise?! Mais ce n’est pas possible!». Et pourtant…

Comme parrain de l’association Culture partagée en pays de Rance, je tiens à offrir mes plus sincères condoléances à Jean-Daniel, à Florian, aux autres membres de la famille, ainsi qu’à vous tous et toutes qui faites partie de l’association.

J’avais rencontré Françoise une première fois alors qu’elle était en voyage au Québec. Nous nous sommes revus à l’automne 2016 à Lyon. C’est à ce moment que Françoise avait évoqué la possibilité que je sois invité en Bretagne pour participer à un événement multidisciplinaire. Le projet s’est peu à peu précisé et s’est concrétisé à l’automne 2019. C’est avec joie et honneur que j’ai pu participer aux premières Journées de Culture partagée. La famille Beau m’a alors hébergé et fait visiter la région dans mes moments libres. En toute honnêteté, je peux dire que ce fut le plus beau voyage de ma vie.

Je conserve de Françoise l’image d’une femme déterminée et généreuse, une organisatrice hors pair. Sa vision de l’inclusion culturelle des personnes neurodifférentes était non seulement humaniste mais aussi avant-gardiste. L’existence de Culture partagée fait mentir les préjugés que j’ai trop souvent entendus au Québec et même en France, préjugés selon lesquels «la France est 40 ans en retard sur le Québec» pour cette inclusion. C’est faux! L’équivalent de Culture partagée n’existe pas au Québec, du moins à ma connaissance, et j’ai vu plusieurs belles initiatives en France allant dans le même sens.

Je souhaite donc de tout cœur que Culture partagée poursuive sa mission : cette mission est importante, et ce serait rendre un bel hommage au travail de Françoise. En pensée, j’adresse mes remerciements à Françoise pour son accueil à mon égard et pour son œuvre.

Avec toutes mes amitiés pour chacun et chacune de vous,

Antoine Ouellette

Textes et textiles — Exposition à la Bibliothèque Municipale de Dinan

« Culture partagée en Pays de Rance » vous invite à une Exposition à la Bibliothèque de Dinan, du 1er septembre 2021 au 29 janvier 2022 (sauf du 8 au 23 novembre : fermeture de la bibliothèque), sur le thème « Textes et Textiles ».

Mots, bouts de fil, vêtements, broderies, l’exposition illustre ce qui lie, relie, tisse les fils de nos histoires, la trame, les réseaux de nos échanges dans les quartiers, les écoles, les institutions, les lieux de vie.

Kesso, dans la réalisation de patchworks, nous invite à créer « pas à pas » un récit positif autour du lien, une « manière de voir ». Elle nous offre un patchwork composé des broderies réalisées pour illustrer un album pour enfants, « Ensemble nous voyageons » de Lula Carballo et Catherine-Anne Laranjo, paru aux Éditions Dent-de-lion, que vous pourrez consulter sur place. Une photo de l’un de ses patchworks réalisés à partir de tissus collectés dans Montréal servira de modèle à la réalisation de patchworks collaboratifs qui seront exposés dans la ville en mars 2022.

L’arbre sculpté par Philippe Reux pour l’association recevra les mots que vous inscrirez sur les tissus mis à votre disposition.

Sylvie Lorre, professeure de français au collège Roger Vercel, expose les écrits de ses élèves réalisés dans un travail d’ouverture à d’autres cultures et leurs productions calligraphiées dans un atelier animé par Annie Péquignot.

Claude Herviou a rassemblé des textes inédits écrits pour l’occasion sur le thème « Textes et Textiles » par des auteur.e.s professionnel.le.s ou amateur.e.s.

Joël Marie présente des tissus, vêtements, marionnettes et photos illustrant la diversité des cultures, la place du textile pour témoigner d’une singularité.

Le 15 octobre 2021 à 18H, François Schwarzentruber, pianiste, viendra nous proposer une heure de musique (Mozart, Schubert, Liszt, Saint-Saëns), à l’issue de laquelle les exposants présenteront leurs œuvres et répondront à vos questions. Inscription nécessaire auprès le la Bibliothèque compte tenu des règles sanitaires encore en vigueur.

Le 8 janvier à 15H, conférence de Jean-Louis Poitevin : Images et expression (tisser – écrire – créer – rêver).

Le 9 janvier à 15H, Lectures et musique – François Schwarzentruber au piano (œuvres de Liszt, Schumann…)

Des ateliers participatifs : création d’un patchwork et atelier pour enfants seront programmés d’ici janvier (dates et contenu à préciser).

Venez nombreux.ses !

De fil en filles — Un texte de Marie Miriel

Dans un vieux grenier, une robe sur un mannequin usé sommeille. La clé tourne dans la serrure, la porte s’ouvre difficilement, laisse entrer des cris et des rires d’enfants. Deux petites filles suivent leur grand-mère à la recherche d’une vieille malle. La plus jeune des fillettes se précipite vers les poupées anciennes, l’aînée s’arrête, détaille le vêtement au blanc passé, se hisse sur la pointe des pieds, caresse du bout des doigts le col et ce qu’elle prend pour un liseré. La grand-mère tout à son affaire, se retourne, sourit et soulève l’enfant, « regarde, que lis-tu ? » La fillette effleure la fine bande de soie bordant le col au fil de sa lecture. C’est une phrase sans verbe et sans pronom, des mots liés par deux points de croix à chaque fois.

L’enfant devine enfin des prénoms, reconnait celui de sa grand-mère à la fin, une histoire de fils et de filles, que l’on hérite de génération en génération, un tissu que l’on ne porte plus depuis longtemps, qu’on relègue au rang de souvenir au fin fond d’un grenier.

Un jour, murmure la grand-mère, elle sera à toi.

Marie MIRIEL

Lettre aux partenaires

L’association «  Culture partagée en Pays de Rance »  poursuit son projet de rencontres autour d’objets culturels ; à la fois témoins de notre commune humanité et de nos singularités.

La première édition autour de « Oiseaux, musique et plantes » nous avait ouvert au « bonheur d’être soi », comme le disait Antoine Ouellette dans le concert – conférence inaugural, et les artistes présents (amateurs et professionnels, tous âges associés) en avaient témoigné dans leurs œuvres.

Dans le contexte qui bouleverse nos manières d’être ensemble, nous souhaitons que le thème « Textes et Textiles » soit une occasion d’illustrer ce qui lie, relie, tisse les fils de nos histoires, la trame, les réseaux de nos échanges dans les écoles, les institutions, les lieux de vie, les quartiers. Doudous, broderies, bouts de fil, vêtements….

Nous vous proposons dès à présent de nous adresser vos idées de participation.

L’automne prochain à la Bibliothèque de Dinan, aura lieu une exposition sur ce thème, et en écho à la visite que vous feriez de cette expo, vous pourriez nous envoyer vos propres productions pour une autre expo au printemps 2022 (salle Schumann).

N’hésitez pas à nous contacter !

Pour l’association Culture Partagée en Pays de Rance, Les membres du bureau

Textes et textiles — Un texte de Claude Herviou

Trait pour trait à la moustache

Une histoire file dans la brume d’une brune. Cousu de blanc le fil qui file doux et transparent comme une brune ou une blonde, dans l’écume d’une bière où la mousseline de sa robe enveloppe cette brume qui, de pied en cape, s’évapore d’une pantoufle de vair. Comment faire mousser, comment écrire une histoire qui se perd amère ? Comment sortir de ce texte sans dommage et sans hommage, tant que je suis cruche qui va à l’eau plutôt que mis en bière ? Mais brisons là le vers d’un poème qui s’évide – se sait vide – toute honte bue d’avoir commis un tissu de mensonges dont je m’essuie les lèvres d’en avoir fini.

Claude Herviou

Atelier calligraphie au collège Roger-Vercel

Tous les élèves de 6è ont bénéficié d’une initiation à la calligraphie (deux séances d’une heure deux semaines consécutives, en groupes) pendant les heures d’accompagnement personnalisé ; ces deux séances se sont déroulées au CDI (centre de documentation et d’information).

Annie Péquignot (qui anime l’atelier calligraphie de Dinan Accueil) les a fait travailler sur le prise en main de la plume et leur appris à tracer les lettres en caroline. Elle a aussi offert à chaque élève son prénom calligraphié, ce qui a beaucoup plu.

Cela a été l’occasion de conjuguer patience et persévérance loin des pesanteurs du quotidien ; certains élèves en difficulté scolaire se sont retrouvés en situation de réussite et ont retrouvé confiance en eux. Tout cela grâce à l’extrême bienveillance de l’intervenante.

Comme le matériel (financé par moitié par l’association dont des plumes pour gauchers et un calame) est la propriété du collège, nous avons pu proposer aux élèves un club calligraphie sur la pause méridienne, de quoi susciter des vocations. Quelques élèves possèdent désormais leur propre matériel.

Textes et Textiles — Un poème de Chloëe Bichet

Valse des mots.

Derrière le voile de soie,
Ainsi le véritable moi,
Neni,
Point de vaine modestie,
De sequin ou de coton,
Aucune étoffe à l’abandon,
De mousseline ou de lin,
Ainsi l’habit pare chacun,

Parfois une once de mascarade,
Pour que tous nous regarde,
L’ourlet et le pacemanterie,
Exaltent les fantaisies,
Le chanvre joue les modestes,
Faudrait-il lâcher du leste,
Quand la broderie affole les danses,
Quelles âmes ne frôleraient l’arrogance ?

Gardons-nous d’iniques persifflages,
Mais louons l’art du filage,
Honni qui mal y pense,
Fils et mots insufflent la romance,
Comment faire des émois,
Dans un digne roman courtois,
S’il faut que la dame se déshabille,
Et que son triste sir soit en guenille.

Chloëe BICHET.

Textes et textiles – Un poème de Chloëe Bichet

Quand vient le soir.

Quand vient le soir et que galope mon désespoir,
Je sors ma plume et mon fidèle grimoire
Je trace mes sygiles par ma magique encre noire,
Mais la nuit n’est guère mon ennemie,
Elle jette mon trouble dans l’oubli,
La plume vole à mon confus esprit,
Toutes mes émotions trop longtemps refoulées,
La soie enveloppe mon corps et ravive mes pensées,
Le trouble par l’étoffe caressante enfin est levé,
Par le stylet et le chanvre tressé je pourfends,
L’Ombre intérieure en moi qui s’étend,
Sous le texte et le textile s’enfuit à l’instant.

Textes et textiles — un poème d’Hugo Garric

Etoffe d’espérance

Parfois le présent nous éveille
Des souvenirs indélébiles
Enfouis dans un si long sommeil
Que nous en devenons fragiles

Tel un tissu que l’on déchire
Meurtris, nous tombons à genoux
Mais nous finissons par guérir
Tel un tissu que l’on recoud

Ici la vie d’un jeune enfant
Et de sa douce et tendre mère
Prisonnier d’un homme, et vivant
Près de Paris, pendant la guerre

Ils ont subi la triste force
D’un nazi fou, d’un aliéné
Une croix gammée sur le torse
Et des mains faites pour frapper

Plusieurs fois vint à eux la mort
Mais sans fin leur foi les sauva
Et contemplant la nuit dehors
La mère à son garçon confia :

« Seul toi pourras réconforter
Mes cauchemars et mes souffrances
Et je retiens à tes côtés
Mes rêves et mes espérances

Mon seul amour, mon seul amour,
Quand je vois les étoiles luire
Je songe et je prie qu’un beau jour
Un homme m’offre son sourire »

Soudain est venu ce héros
Séduit par cette belle femme
Trouvant les paroles, les mots
Ceux qui ont apaisé son âme

Ainsi protégés par l’amour
D’un homme, et la mère et l’enfant
Vécurent en paix pour toujours
Sous l’aile de ce père aimant.

Hugo Garric

Un poème de Chloëe Bichet

Oh doux coquillage,
N’en prends pas ombrage,
Mais ton nacre de soie,
Me plonge dans le désarroi.

Sous le croissant lunaire opalescent,
Miroitant, luminescent,
Douce comme une caresse,
Tu appelles à la tendresse.

Pourtant lorsque survient la marée,
Tu laisses mon cœur troublé,
Je garde ton souvenir,
Mais déjà tu te retires.

Doux coquillage de soie,
Ton reflet demeure en moi corruscant,
Les Sirènes au Firmament,
Ont fait de toi leur parure de joie.