Textes et Textiles — Un poème de Chloëe Bichet

Valse des mots.

Derrière le voile de soie,
Ainsi le véritable moi,
Neni,
Point de vaine modestie,
De sequin ou de coton,
Aucune étoffe à l’abandon,
De mousseline ou de lin,
Ainsi l’habit pare chacun,

Parfois une once de mascarade,
Pour que tous nous regarde,
L’ourlet et le pacemanterie,
Exaltent les fantaisies,
Le chanvre joue les modestes,
Faudrait-il lâcher du leste,
Quand la broderie affole les danses,
Quelles âmes ne frôleraient l’arrogance ?

Gardons-nous d’iniques persifflages,
Mais louons l’art du filage,
Honni qui mal y pense,
Fils et mots insufflent la romance,
Comment faire des émois,
Dans un digne roman courtois,
S’il faut que la dame se déshabille,
Et que son triste sir soit en guenille.

Chloëe BICHET.

Textes et textiles – Un poème de Chloëe Bichet

Quand vient le soir.

Quand vient le soir et que galope mon désespoir,
Je sors ma plume et mon fidèle grimoire
Je trace mes sygiles par ma magique encre noire,
Mais la nuit n’est guère mon ennemie,
Elle jette mon trouble dans l’oubli,
La plume vole à mon confus esprit,
Toutes mes émotions trop longtemps refoulées,
La soie enveloppe mon corps et ravive mes pensées,
Le trouble par l’étoffe caressante enfin est levé,
Par le stylet et le chanvre tressé je pourfends,
L’Ombre intérieure en moi qui s’étend,
Sous le texte et le textile s’enfuit à l’instant.

Un poème de Chloëe Bichet

Oh doux coquillage,
N’en prends pas ombrage,
Mais ton nacre de soie,
Me plonge dans le désarroi.

Sous le croissant lunaire opalescent,
Miroitant, luminescent,
Douce comme une caresse,
Tu appelles à la tendresse.

Pourtant lorsque survient la marée,
Tu laisses mon cœur troublé,
Je garde ton souvenir,
Mais déjà tu te retires.

Doux coquillage de soie,
Ton reflet demeure en moi corruscant,
Les Sirènes au Firmament,
Ont fait de toi leur parure de joie.