Dans un vieux grenier, une robe sur un mannequin usé sommeille. La clé tourne dans la serrure, la porte s’ouvre difficilement, laisse entrer des cris et des rires d’enfants. Deux petites filles suivent leur grand-mère à la recherche d’une vieille malle. La plus jeune des fillettes se précipite vers les poupées anciennes, l’aînée s’arrête, détaille le vêtement au blanc passé, se hisse sur la pointe des pieds, caresse du bout des doigts le col et ce qu’elle prend pour un liseré. La grand-mère tout à son affaire, se retourne, sourit et soulève l’enfant, « regarde, que lis-tu ? » La fillette effleure la fine bande de soie bordant le col au fil de sa lecture. C’est une phrase sans verbe et sans pronom, des mots liés par deux points de croix à chaque fois.
L’enfant devine enfin des prénoms, reconnait celui de sa grand-mère à la fin, une histoire de fils et de filles, que l’on hérite de génération en génération, un tissu que l’on ne porte plus depuis longtemps, qu’on relègue au rang de souvenir au fin fond d’un grenier.
Un jour, murmure la grand-mère, elle sera à toi.
Marie MIRIEL